Maison – 1 place du Grand-Marché

Localisation :

Tours, 1 place du Grand Marché ; 34 rue du Grand Marché

Dates :

1ère moitié du XVIe siècle

État du batiment :

Conservé

Maison – 1 place du Grand-Marché.
Crédits : Photo © Léa Dupuis

Cette maison est longée par deux axes principaux, la rue du Grand-Marché et la place du Grand-Marché, qui offrent le recul nécessaire à l’admiration de son décor. Cette parcelle d’angle présente un plan rectangulaire, le plus grand côté longe sur 8,6m la rue du Grand-Marché et le plus petit côté s’étend sur 5,20 m sur la place du Grand-Marché [Bonnin, 1979, p. 188]. 

La maison s’élève sur cinq niveaux, une cave, un rez-de-chaussée, deux étages carrés et un comble. Le rez-de-chaussée est construit en pierre tandis que les étages, en encorbellement sur poteaux élargis avec entretoise, sont en pan de bois. La sablière de chambrée repose sur l’entretoise qui s’appuie directement sur la partie élargie du poteau cornier. Le poteau cornier ouest de la façade de la rue du Grand-Marché reçoit un pilastre à fût orné d’un disque au centre et un demi disque à ses extrémités puis se trouve surmonté d’un chapiteau composite. Dans le royaume de France, le répertoire décoratif adopte les losanges et les disques à partir de 1515 [Thomas 1998, vol. I, p. 53]. Des ornements issus également du vocabulaire de la Première Renaissance – frises de denticules, d’oves et de palmettes – apparaissent sur les sablières de chambrée. 

 

 

Ces derniers sont en partie masqués par les devantures des boutiques dont les changements d’enseignes ont souvent induit des transformations. Sur des photographies du milieu du XXe siècle, un parement de façade en brique récente revêtait les poteaux du rez-de-chaussée, un enduit dissimulait le hourdis en brique et un essentage d’ardoise couvrait l’ossature en bois. 

 

 

Sur la place, la Travée centrale de la façade se compose de deux croisées et d’une fenêtre à meneaux à l’étage de comble. Sur la rue, la travée orientale possède deux croisées tandis que la travée occidentale est dotée de deux demi-croisées. Une fenêtre à meneaux centrée sur la façade éclaire l’étage de comble. Les baies sont ornées d’appuis saillants, de modénatures gothiques aux angles supérieurs arrondis, aux encadrements à baguettes, aux jambages et aux meneaux qui retombent sur des bases prismatiques. 

 

Croisée aux angles supérieurs arrondi et larmier à retour – Maison 1 place du Grand-Marché.
Crédits : Photo © Ophélie Delarue.

 

À Tours, le style gothique reste très en vogue dans l’architecture en pan de bois. Le répertoire de la Première Renaissance reste relativement rare pour les structures charpentées (39-41 rue Colbert, Maison 2 rue du Grand-Marché et cette maison d’angle). Ce nouveau vocabulaire n’est jamais utilisé pour organiser l’ensemble de la façade, seul le rez-de-chaussée reçoit ce type de décor. On n’observe aucune superposition de pilastres sur plusieurs niveaux d’élévations comme à l’hôtel de Beaune-Semblançay [Alix, Noblet, 2013, p. 271-303]. Ainsi, cette association d’éléments nouveaux et d’éléments gothiques permet de dater la maison autour de la première moitié du XVIe siècle.

L’emploi de croix de Saint-André est réservé aux premier et deuxième étages tandis qu’une ossature à grille caractérise l’étage de comble. La structure forme un cadre régulier dans lequel s’inscrivent les croix de Saint-André. Elles sont superposées en deux registres par étage et encadrent symétriquement les fenêtres de deux compartiments. Comme beaucoup de maisons d’angle, cet édifice a la particularité d’arborer deux pignons à ferme débordante, dont les versants se rejoignent au niveau d’une noue. 

Dans sa distribution d’origine, la maison comportait deux pièces par niveau. Elle se trouvait éclairée à l’arrière par un puits de lumière, qui subsiste, et qui donnait sur une vis et un couloir latéral au rez-de-chaussée. À Tours, la vis menant à la cave est rarement située dans la pièce donnant sur la rue. On la trouve plus couramment dans l’arrière-boutique. Ici, l’accès à la cave diffère de la vis qui distribue les pièces privatives à l’étage. La cave est donc réservée uniquement au commerce. Il existe une trappe dans le plancher de la boutique pour y accéder (exemple similaire au 48 rue Colbert) [Bonnin, 1979, p. 68, 188]. 

 

Maison 1 place du Grand-Marché, plan extrait de Bonnin Martine, Les maisons à Tours au XVème et au XVIème siècles, mémoire de maîtrise d’Histoire de l’Art sous la direction de Jean Guillaume, CESR-Université de Tours, [1979].

Bibliographie

Alix Clément, Noblet Julien, « Les maisons en pan de bois de Blois : réévaluation du corpus d’une ville ligérienne XVe-XVIe siècle » dans Alix Clément, Épaud Frédéric (dir.), La construction en pan de bois : Au Moyen Âge et à la Renaissance, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2013.
Base POP, IA00071466 et PA00098233.
Bonnin Martine, Les maisons à Tours au XVème et au XVIème siècles, mémoire de maîtrise d’Histoire de l’Art sous la direction de Jean Guillaume, CESR-Université de Tours, [1979].
Thomas Évelyne, Le décor de la première Renaissance, thèse de doctorat : Histoire de l’Art sous la direction de Jean Guillaume, CESR-Université de Tours, [1998].


Lien vers la fiche associée :

Les maisons en pans de bois